Sur un glacier au cœur des Alpes

Sur un glacier au cœur des Alpes

Un premier pas, puis le suivant

Certains défis nous semblent impossibles à réaliser. On se dit qu’il faut être né ici ou là, qu’il y a trop à apprendre, que c’est trop loin, ou que l’on a pas le matériel et la bonne condition physique. Autant être honnête, nous nous cherchons aussi beaucoup d’excuses. C’est tout à fait naturel parce que notre mental cherche à nous préserver des risques. Mais risquer, c’est aussi vivre ! Alors je crois que parfois, il faut juste se lancer. Faire simplement un premier pas, puis avoir l’audace de faire le second, et ne pas douter une seule seconde que l’on sera capable d’en faire un troisième. Ainsi, morceau par morceau, on arrive là où l’on veut aller.

Je commençais à avoir cette conviction profonde. En fait, je crois que je n’avais plus peur de rien. Je voulais me tester en plongeant dans un environnement qui m’était totalement inconnu. J’allais bientôt faire l’ascension d’un glacier et je ne me doutais pas encore que j’allais faire une rencontre si marquante.

Demain, je pars à l’aventure !

Après quelques heures de train, j’arrive enfin à Sion, au sud-ouest de la Suisse. C’est de là que demain, je devrais trouver un moyen de monter à Arolla, pour rencontrer Serge et l’équipe avec qui nous grimperons au sommet du Mont Brûlé. Je passe la nuit dans un petit hôtel puis je repère un bus, tôt le matin. C’est drôle comme, en attendant sur ce banc, loin de chez moi, avec mon sac à dos et mes chaussures accrochées autour du coup, je me sens bien. Demain, je pars à l’aventure !

La suisse est magnifique. Je regarde les montagnes enneigées à travers la vitre du bus, je suis en  même temps bercé par les virages de cette jolie route de montagne. Le chauffeur semble la connaître comme sa poche. Avec God is an Astronaut dans les oreilles, mon esprit se promène déjà dans ce paysage grandiose.

Serge Roetheli, le Forest Gump suisse

Le grand jour est arrivé. Il est environ 10h00 quand nous nous retrouvons avec Serge Roetheli. Nous sommes tous à peu près du même âge, il y a Julie, Jean-Baptiste, et Louis. Après un premier tour de table, Serge nous explique son parcours. Il a 64 ans et les journaux l’ont surnommé le Forest Gump Suisse. Entre 2000 et 2005, il a couru près de 41 000 kilomètres dans le monde entier. 5 ans de course à pied, avec pour seule assistance, sa compagne qui le suivait en moto. 6 fois champion de boxe en Suisse, il a aussi traversé l’Atlantique à la rame et récolté des sommes considérables pour diverses associations. Serge a le courage d’un combattant et le coeur d’un voyageur. Quel grand Monsieur !

Il est temps de partir pour le refuge des bouquetins, à 2980m. Serge ouvre nos sacs : « Ca c’est pas utile, ça tu n’as pas besoin, allez les jeunes vous me videz un quart de votre sac ! ». En effet, nous allons avoir besoin d’embarquer du matériel. Des crampons, un baudrier, un piolet, tout ce qu’il faut pour manger et avoir chaud. Nous entamons l’ascension sous le soleil, les raquettes au pied. 

Plus nous nous éloignons du village d’Arolla, plus la pureté nous envahit. Personne n’est passé sur cette neige avant nous ces derniers jours. L’air est frais et le silence est d’or. Serge ouvre la route et nous trace un sillon à coup de raquettes. Gauche droite, gauche, droite, petit à petit, nous prenons tous le même rythme, chacun prenant soin de faciliter un peu plus le chemin du suivant. Comme pour une équipe de cyclistes, une partie de notre énergie se partage avec les autres. Nous nous motivons mutuellement, le succès de cette ascension est dépendant de chacun de nous.

Une nuit dans une cabane au milieu des montagnes

Nous arrivons au refuge quelques heures plus tard. Après avoir déposé nos sacs, nous prenons une minute pour découvrir cet endroit incroyable. Nous sommes perchés sur un relief, entouré d’une chaîne de montagnes. Nous sommes sur le phare qui surplombe la mer de glace. Le vent dessine les vagues mais celles-ci ne bougent pas. Un peu plus haut, Serge nous montre là où nous irons demain. Nous avons beaucoup de chance, la météo est idéale.

Dans le refuge, nous apprenons les rudiments d’un tout autre confort. Ici pas d’eau, pas d’électricité. Il nous faut allumer un feu, et fondre de la neige. C’est réconfortant de sentir la chaleur se répandre autour de nous. On ne manque pas de place et les couchettes sont confortables. Il y a des timbales accrochées au mur et de grandes marmites. Ici et là, des condiments, un peu de café, et des objets du quotidien laissés par les précédents. On se met à l’aise, on échange nos impressions, puis on apprend à se connaître un peu plus, tout en partageant un repas et du thé chaud. Je crois que l’on a trouvé une forme de hygge. C’est un terme nordique qui exprime un état d’esprit positif, amené par une atmosphère réconfortante et conviviale. Le sommeil nous guette. Le silence gagne le refuge paisiblement.

En route vers le Mont Brûlé

Le jour se lève, Serge est déjà en pleine effervescence. Chacun se prépare selon ses consignes,   et nous remettons un peu d’ordre dans le refuge. D’ici quelques heures, nous serons au sommet du Mont Brûlé à 3585m. Nous n’emmenons que le strict nécessaire : du pain, du fromage, et des crampons. De quoi profiter d’un bon moment dans un lieu privilégié.

Nos avançons les uns derrière les autres, Serge nous propose d’alterner pour ouvrir la route. Le premier de cordée a la responsabilité de tracer le meilleur chemin. Parfois il vaut mieux tracer un arc de cercle pour contourner une cuvette plutôt que de couper droit et augmenter la quantité de dénivelé. C’est aussi la position la plus éprouvante, parce qu’il revient au premier de creuser la neige.

Même s’il s’agit d’une altitude relativement raisonnable, je sens l’essoufflement me gagner. J’ai beau avoir un bon cardio, je sens que je n’ai pas autant de globule rouge qu’un montagnard. Je respire intensément et les derniers pas sont épuisants. Mais hors de question que je m’arrête ! Encore un pas, encore un, encore un. « Et nous y voilà ! » dit Serge en sortant de son sac un couteau et un morceau de fromage.

La vue est incroyable ! Tout autour de nous, une quantité innombrable de pics enneigés. Le ciel est d’un bleu intense et se reflète dans les zones de glaces qui scintillent. La seule trace de vie que nous observons, c’est le sillon que nous avons laissé dans la neige et le refuge en contrebas, d’où s’échappe une légère colonne de fumée. J’ai l’impression d’avoir une vue illimitée qui s’étend sur toutes les Alpes. Par là l’Italie, ici la Suisse, et de ce côté la France. Au milieu de ces montagnes, on se sent à la fois insignifiant et important. Ca y est je l’ai fait ! Mon premier glacier !

Que notre Terre est belle !

Que notre Terre est belle ! Je redescend un peu sonné, la tête dans les nuages. Il y a un réel sentiment de joie qui nous anime. Je ne voudrais pas être ailleurs qu’ici. Nous prenons le temps d’une courte sieste au soleil, directement allongé dans la neige. Il s’agit simplement profiter de ce moment privilégié. Quand on y pense, il a fallut tellement d’évènements pour que nous nous retrouvions là, ensemble, à cet endroit. La vie nous fait ce cadeau, savourons le !

Nous passerons notre dernière soirée à partager un repas qui a, ici, une toute autre saveur. C’est la fameuse fondue suisse. Nous la dégustons autour d’un feu de bois en nous racontant nos vies. Nous rions et nous écoutons avec beaucoup de plaisir les histoires de Serge, l’aventurier qui a fait le tour du monde.

J’espère rester fou et utopiste jusqu’à mon dernier souffle

Serge Roetheli

Comment je suis devenu VanLifer ?

Comment je suis devenu VanLifer ?

D'abord, provoquer le destin

La VanLife, je crois que je l’avais toujours plus ou moins imaginé en fait. Dormir à la belle étoile, cuisiner avec un réchaud, prendre une douche à la plage, en bref voyager à la roots me faisait bien plus rêver que le confort d’un hôtel. J’avais déjà expérimenté ça en moto, mais ce mode de transport avait aussi ses limites. Il fallait toujours trouver un endroit sécurisé pour garer ma bécane, et c’était impossible pour moi de l’abandonner pour une randonnée de plusieurs jours. Cette fois, il me fallait quelque chose pour vadrouiller à plus long terme.

On est alors en début d’année. Je commence à y penser de plus en plus fort. Je ne cherche pas réellement. Je me dis que si ma vie doit évoluer dans cette direction, je tomberai sur une bonne solution. J’en parle tout de même autour de moi, parce que oui, il faut bien provoquer le destin!

Faux départ

Un soir de printemps, je suis invité chez des amis pour une grande fête. Une bonne dizaine de copains de longues dates, de la famille, un banquet et un grand feu de joie. Ils habitent une jolie maison à la campagne et les propriétaires sont à l’autre bout du monde. Dans le jardin, je découvre un vieux fourgon qui semble à l’abandon. En le voyant, je me dis : « Wouah ! J’en parle seulement depuis quelques jours et voila déjà une occasion qui se présente ! » C’est un Master, il doit avoir 40 ans. Il est légèrement recouvert par les feuillages mais avec un bon nettoyage et une vidange, il sera parfait.

Quelques jours plus tard, j’emmène un ami qui est bon mécano pour le voir. On booste la batterie, et il démarre presque du premier coup, à ma grande surprise. Mais une fois sur la route, c’est la déception… Pas de direction assistée, et il a bien du mal à dépasser les 70 km/h. En rentrant, il y a même de la fumée qui sort de la roue. Les freins devaient être collés. Mon ami se penche en dessous et découvre un châssis rongé par la corrosion. Je dois me rendre à l’évidence. Ce fourgon ne sera pas mon Faucon Millenium.

Lui trouver un nom

Bodhi ? Ça te dit quelque chose ? Patrick Swayze, Keanu Reeves, des braquages, des vagues…oui oui on parle bien de Point Break ! C’est un de mes potes qui m’a donné ce surnom. Je ne sais pas vraiment pourquoi 😉, je l’entends souvent hurler : « Bon Point Break t’arrives quand là ? ». Alors comme je l’aime bien et que ce van allait être un cliché à lui tout seul, j’ai décidé de lui donner ce petit nom.

Faire de Bodhi un van aménagé

Et finalement oui, je l’ai enfin trouvé. Par hasard en passant devant un garage. C’est un Boxer et j’ai complètement craqué sur la galerie de toit. Il y a une échelle sur la porte arrière, ça me permettra de grimper facilement à l’étage. Bodhi deviendra la cabane de mes rêves de gosse, celle qui me téléportera partout.

Je pose mes critères d’aménagement. Bodhi doit être minimaliste, coloré et évolutif. Je me donne seulement quelques jours pour le rendre confortable. Tout ce qui compte, c’est de partir vite, je verrai bien comment l’améliorer au fur et à mesure. Dans mon métier de Freelance, on appelle ça être agile ! Pour se laver, ça sera à l’eau tiède avec une douche solaire à pression, puis un réchaud pour la cuisine, un lit de camp pour dormir. Je prends de quoi stocker un peu d’eau et j’installe un panneau solaire. J’isole avec du liège et du jean recyclé, et je recouvre une partie des parois avec du bois de palette. J’installe aussi un hamac, quelques guirlandes pour la lumière et une dizaine de tendeurs et de mousquetons au plafond pour accrocher plein de trucs. En van, tu te rends très vite compte qu’il vaut mieux que tout soit fixé.

Et enfin, l’aventure !

Quand tu te lances dans ce genre de projet, on te pose souvent beaucoup de questions. Tu vas où ? Tu vas faire comment si… ? Pourquoi tu ne fais pas…? Et ma réponse est généralement : « J’en sais rien, je verrai bien ». Parce que le but, c’est justement de partir à l’aventure. Si tu organises ton itinéraire avec 3 semaines d’avance, ton vantrip devient un simple voyage organisé. Ce que je voulais, c’était chercher chaque jour un nouveau spot pour la nuit, aller au gré de la météo, des évènements et des rencontres, me réveiller chaque matin dans un nouvel endroit. Je voulais pouvoir me dire : « Je me sens tellement bien ici que je vais surement y rester jusqu’à ce que j’en sois lassé. »

La peur engendre l’hésitation et l’hésitation engendre ce pourquoi tu avais peur.

Bodhi dans Point Break

Apprendre à voler

Apprendre à voler

4000

Point de départ : 4000 mètres d’altitude, vitesse : 200 km/h, durée de la chute libre : 50 secondes. Poignée de mousse, poignée de fer, si je me trompe je vais en enfer. Quand la petite aiguille indique 1500m, j’ouvre mon parachute. Ça y est je suis prêt à voler !


Je me suis répété toutes ces choses des dizaines de fois pendant ma formation. Après un premier tandem et la découverte du vide, je voulais faire partie de ceux qui se font assez confiance pour se lancer. Tout est mis en oeuvre pour limiter les risques bien sur. Mais même après de nombreux sauts, les plus aguerris racontent qu’ils gardent ce petit frisson. Celui qui fait qu’à un certain moment tu te dis : « Si là je ne fais rien, tout est terminé. »


un moment de pleine conscience

Cela n’a rien de négatif, c’est même tout à fait l’inverse. C’est justement cette zone de crainte qui permet de se sentir si vivant. C’est un outil que le cerveau utilise pour mettre le corps en éveil. C’est un moment de pleine conscience. Comme toute pratique intense, la chute libre ne permet pas de penser à autre chose qu’à l’instant présent. Inutile de penser à la liste de course, ou au mail auquel il est si urgent de répondre. Tout ce qui compte est entrain de se produire ici et maintenant.


Les riders du ciel

Vu de l’extérieur, tous ces gens me font rêver. Ils replient leur parachute avec minutie, il s’équipent avec sérieux et se vérifient les uns les autres, plus loin le van amène un groupe sur la piste et l’avion prépare son prochain décollage. La bonne humeur règne, les gens rient et partagent, et tous pensent déjà au prochain saut. En bas, ils se sentent déjà là-haut, mais là-haut, personne ne pense à ce qu’il se passe en bas. Quand les riders du ciel atterrissent, ils ont toujours le sourire. Ce n’est pas parce qu’ils sont soulagés d’être au sol, c’est parce qu’il savent qu’ils vivent pleinement, et qu’ils sont exactement là où ils sont censés être.


L'adrénaline au max !

Parfois à la sortie, je me laisse aller sur le dos et la résistance de l’air me maintient comme si j’étais dans l’eau. Je vois alors l’avion qui s’éloigne rapidement. Puis les secondes semblent se ralentir. Tourné vers le ciel, il n’y a rien autour de moi qui puisse m’indiquer une descente à vive allure. Ces quelques secondes de détente sont magiques. Puis je me retourne, le monde semble se remettre à l’endroit, l’adrénaline est au max !

Skydive Maubeuge

Le parachutisme à 2 h de Paris et à 1 h de Bruxelles

Venez sauter au centre école régional de parachutisme de Maubeuge
et découvrir le parachutisme tout en profitant de nos installations.

Grimper sur un volcan

Grimper sur un volcan

Pic du Teide - Tenerife

Septembre 2019, je suis à Tenerife, dans l’archipel des îles Canaries. Alexis, un pote d’aventure, s’est motivé pour apprendre le kitesurf. On s’est fixé cet endroit après quelques recherches et je dois dire que le spot d’El Médano, est l’endroit rêvé pour nos premiers essais.

En allant sur cette île je ne peux pas résister à l’envie de grimper jusqu’au Pic du Teide. Il culmine à 3718m, c’est le plus haut sommet de l’océan Atlantique. Malgré toutes les bonnes infos que l’on peut trouver en ligne, je préfère poser quelques questions aux locaux avant de m’engager dans cet environnement que je ne connais pas. La veille du départ, nous rencontrons le gérant du Bliss Café, un français expat qui nous donne quelques tuyaux comme : être sur le pic au coucher du soleil et, au retour, éteindre la frontale et lever les yeux au ciel.

Le lendemain, je me met en route pour le Teide, je vois le pic depuis la plage au lever du soleil et je me dis : « ok ce soir je serai là bas». Alexis s’est malheureusement blessé au pied la veille, il est un excellent batteur et préfère jouer la prudence. Je pars donc seul. Je vérifie mon équipement, principalement de quoi m’hydrater, quelques barres de céréales, un hoodie, la caméra et la frontale, en route !

Ici, c’est la planète des singes ! Tenerife a attiré Hollywood à plusieurs reprises en tant que lieu de tournage. Ça ressemble à la planète Mars, du moins à l’idée que l’on s’en fait. Un sorte de désert magnifique perché au dessus des nuages. Tout est rouge, doré, ocre, le sable, la pierre, les coulées de lave et les oeufs. Oui les oeufs, le volcan les expulse lorsqu’il est en éruption ! Certains blocs de lave dévalent les pentes les plus prononcées et s’arrondissent pour former des boules de pierre qui atteignent parfois plusieurs mètres de diamètre. Ces météorites, crachés par la Terre elle-même, me plongent encore plus dans cet autre monde.

Altavista du Teide

Durant toute la progression, je me rend compte que j’ai rarement vu un ciel aussi bleu. Ce genre de bleu qui semble totalement préservé de la pollution, ce bleu profond qui te donne l’impression d’être seul au monde. Plus je grimpe et plus la limite entre ciel et mer devient floue. Tout est un immense dégradé de bleu. Je marche depuis plusieurs heures. La pente est parfois raide mais elle est facile d’accès et ça me laisse pleinement la possibilité de profiter du paysage, à la différence d’une session d’alpinisme qui demande beaucoup plus de vigilance et qui te plaque le regard au sol.
Enfin, j’arrive au refuge d’Altavista du Teide, qui est perché à 3 260 m. Ce refuge est connu pour être l’un des plus beaux endroits au monde pour observer les étoiles. Au milieu de l’Atlantique et à cette hauteur, la pollution lumineuse est vraiment minime. La nuit va être magnifique. Mais avant de voir ça, direction le Pic !

Pour aller jusqu’au pic, il faut d’abord faire une demande d’autorisation. L’accès n’est effectivement possible que pour un certain nombre de personnes par jour. Je n’ai pas eu le bon timing pour faire cette demande alors je décide de jouer à cache-cache avec les gardes du téléphérique. Après une bonne pause au refuge, je reprend la route en direction du point de contrôle. Le soleil commence déjà à baisser, la progression se fait sur une des dernières coulées de lave, la roche est accidentée, tranchante, et sombre. Ici, il n’y a plus âme qui vive, aucune végétation, pas un oiseau en vue, j’ai l’impression de traverser un enfer éteint, un feu qui n’a pas encore été allumé.

Cache-cache avec les gardes

J’arrive à la station du téléphérique, je passe devant les gardes et l’air de rien, je fais mine de me reposer et de flâner sur la zone. La dernière navette devrait bientôt redescendre, avec eux dedans. Je sens qu’ils m’ont à l’oeil, et je ne dois pas être le premier à tenter ma chance.

Pour gagner en discrétion je décide de redescendre un peu et de leur faire croire que je rentre passer la nuit au refuge qui est à 1h de marche. Une fois hors de leur vue, je me couche derrière un rocher avec le câble du téléphérique dans mon champ de vision. Il n’y a plus qu’à attendre. J’attends environ 40 minutes et enfin, je vois la dernière cabine descendre, le pic est à moi ! Ni une, ni deux, je saute par dessus la barrière, il reste à peine 100 ou 200 mètres de dénivelé, je suis tellement excité que je ne ressens plus aucune fatigue. Le sentier se rétrécit et passe en mode corniche, une chaîne en metal en guise de rampe, je suis bientôt sur le toit de l’Atlantique. Les 50 derniers mètres sont magiques, la roche crache du souffre ici et là, le cratère se dessine dans mon champ de vision. J’ai l’impression que le sol pourrait exploser à tout moment, et ce même si la dernière éruption remonte à 1909, une fraction de seconde à l’échelle géologique.

Sur le toit de l’Atlantique

Une fois au Pic, l’émotion me submerge, tout est tellement immense, le ciel, l’océan, je peux voir 3 couches de nuage, les parties boisées, les parties arides et les autres îles des Canaries qui semblent léviter dans le ciel. Toute l’île est à ma portée à 360 degrés. Je ne sais pas si c’est à cause du gaz ou de l’émotion mais j’ai littéralement les larmes qui montent et ce sont des larmes de joies. La joie d’être à cet endroit, à ce moment. La joie d’être cet électron libre, au milieu de cet endroit magnifique. Le Pic du Teide est entrain de s’imprimer dans mes souvenirs les plus intenses.

Le vaisseau-mère, les étoiles

Après une bonne heure de réflexion, je décide d’entamer ma descente. L’ombre du Teide forme un triangle parfait, comme une pyramide, et cette ombre s’étend déjà très loin vers l’horizon. J’ai l’impression d’assister à l’atterrisage du vaisseau-mère d’une civilisation extra-terrestre. J’entame alors une course contre la montre. Je sais que la seconde moitié du parcours sera plus facile d’accès, il fait de plus en plus noir et j’espère y être avant la tombée de la nuit.


Un noir profond s’étale de plus en plus autour de moi. Mes yeux s’habituent à l’obscurité mais je ne tarde pas à installer ma frontale. Un pied placé au mauvais endroit pourrait me valoir une nuit compliquée. Le Teide m’avait transporté sur Mars pendant la journée, la nuit m’emmène directement sur la Lune. Les rouge deviennent noirs, les jaunes deviennent blanc, la zone s’est transformée en désert immaculé. A mi-parcours, je décide de m’arrêter quelques minutes, j’ai besoin de faire une pause, je marche depuis plusieurs heures. Je me souviens alors du conseil que l’on m’a donné à El Médano : éteindre, attendre quelques minutes, et lever les yeux au ciel. Je laisse mon regard s’habituer au noir à nouveau, puis prés à découvrir un spectacle magnifique, je lève la tête.

En tout honnêteté, il va être très difficile de décrire ce à quoi j’ai assisté à ce moment, mais la première phrase que j’ai eu en tête était : « Wouah ! Ce ciel est vraiment pété d’étoiles ! » Des milliards et des milliards d’étoiles, de toutes les tailles, de toute brillance, des énormes bulles de gaz qui brûlent à des millions de kilomètres de nous, comme le racontaient le phacochère, le suricate et le lion, allongés dans la savane.

Ma garce de vie s’est mise à danser devant mes yeux, et j’ai compris que quoi qu’on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie.

Jack Kerouac

Devenir motard

Devenir motard

Un rêve de gosse

En 2012, je décide de réaliser un de mes plus grands rêves d’enfants, celui de rouler avec une bécane mythique. Une Harley-Davidson ! Mon frangin avait déjà longtemps médité sur le sujet, il dit souvent : « Tout a commencé avec Arnold dans Terminator 2 ! ».
En fait, dès que j’y pense, mon esprit est baigné dans une image apaisante. La route qui défile, le vent,  puis une pause avec de bons amis, les cheveux en pétard et souriant comme des gosses. Quand on parle de voyage en moto, on parle de la route et la destination importe peu.

Ma première moto

Ma première moto, une Iron 883, en 2012

Le permis en poche, j’investis dans une Iron 883. Elle est noire mat, et elle se trouve dans mon budget. J’ai tellement attendu, travaillé, et économisé pour ça. C’est ma première moto, l’aboutissement d’un rêve, le début de plein de choses. Je suis allé la chercher un vendredi après le boulot, quittant prématurément une réunion parce que : « tu comprends, là il faut vraiment que j’y aille, euh… c’est important ! ». Ce jour là, j’ai fait mon baptême de la route sous le déluge. 100 km sous la pluie, à 90 km/h sur l’autoroute à cause du rodage, doublé sans cesse par les camions de livraison. Ma copine suit derrière en voiture et protège mes arrières. De temps en temps, elle vient à mon niveau pour voir si tout va bien, elle ne sait pas à quel point je suis heureux, le casque masque mon sourire. Rien à foutre de la pluie, j’ai ma bécane ! Je la trouve magnifique, je la bichonne, et parfois même, je lui parle. En roulant je pose ma main sur le réservoir et je lui dis : « Allez ma belle, emmène moi à destination ! »

Le V-Twin Potes

7 ans plus tard, et après de nombreux rassemblements, j’ai la chance de faire partie d’une autre grande famille, les V-Twin Potes. Des femmes et des hommes, de toutes générations et de tous horizons qui se retrouvent pour un week-end de fête de partage. Pas de mensonge, ici on roule, on mange, et on boit. La tradition, c’est un grand banquet des régions, là ou tu dégustes du fromage savoyard avec un vin d’Alsace, pendant que le Nord sert la bière aux bretons et que les Marseillais s’arrachent les farçous des aveyronnais.

On n’avait pas besoin de se le dire pour savoir qu’on était faits du même bois, un bois un peu pourri, mais un beau bois quand même

« Nous rêvions juste de liberté » de Henri Lœvenbruck

La clé des champs à Montréal, Ardèche

Situé à Montréal (07) dans le Parc naturel régional des Monts d’Ardèche, La Clé des Champs vous offre un cadre naturel et chaleureux sur un domaine de 3 hectares. Le village vous propose des gîtes, des chalets avec terrasse couverte ainsi qu’un restaurant à la cuisine authentique et des pizzas au feu de bois.